Une terre d'histoire et de culture

À la rencontre des vins
et des vignerons

Traditions et mémoire du vignoble

Les musées

Les multiples facettes de la vie et du travail du vigneron alsacien au cours des siècles sont présentées dans plusieurs musées.

Le Musée régional du vignoble et des Vins d’Alsace (Kientzheim), à l’Écomusée d’Alsace (Ungersheim), au musée viticole (Mittelbergheim), aux « Ateliers de la Seigneurie » (Andlau), ainsi qu’au Musée alsacien de Strasbourg et au Musée Unterlinden de Colmar.

Le musée des Vins d’Alsace, situé à Kientzheim dans le Haut-Rhin, abrite des collections exceptionnelles. Le rez-de-chaussée propose une reconstitution de cave avec pressoir ambulant. Le 1er étage est principalement consacré au travail du vigneron et aux métiers annexes (tonnelier, art de la verrerie). Le 2ème étage est plutôt consacré à l'aspect technique de la viticulture.

Le centre d’interprétation du patrimoine des Ateliers de la seigneurie, situé à Andlau, valorise l’ensemble du territoire de Barr-Bernstein et de ses composantes : l’architecture, les artisans et leur savoir-faire, la viticulture, les personnages historiques locaux.

L’Écomusée d’Alsace s’organise comme un véritable village du début du XXème siècle avec ses rues, ses jardins, sa rivière et l’ensemble de ses bâtiments. Découvrez une maison de vigneron traditionnelle avec sa cave et son mobilier. Rencontrez les vignerons bénévoles qui entretiennent les vignes de l’Ecomusée comme au siècle dernier, sans intervention mécanique, et assistez aux vendanges.

Le Musée Alsacien de Strasbourg, abrité dans une demeure Renaissance, permet de découvrir les milliers d’objets témoins de la vie rurale en Alsace aux XVIIIème et XIXème siècles : costumes, meubles, céramiques, jouets, imagerie religieuse et profane, etc. Des reconstitutions d’intérieurs caractéristiques de différents « pays » d’Alsace (plaine agricole, vignoble, montagne vosgienne) et d’ateliers d’artisans jalonnent la visite.

Par ailleurs un nombre croissant d’entreprises offrent au public un espace muséographique permettant de mieux connaitre les Vins d’Alsace.


Les confréries

Les confréries viticoles sont les garantes de la tradition et célèbrent les Vins d’Alsace en France et à l’étranger. Elles organisent régulièrement des chapitres et participent à de nombreuses manifestations.

La Confrérie Saint-Etienne (Kientzheim), l’une des plus anciennes de France, propose toute l’année un programme d’animations et délivre un label de qualité (le « Sigille »).

D’autres confréries célèbrent également les vins d’Alsace. Parmi elles : les Amis du Kaefferkopf (Ammerschwihr), la Confrérie du Haut-Koenigsbourg (Orschwiller), la Confrérie de Saint Urbain (Kintzheim), la Confrérie des Rieslinger (Scherwiller), les Hospitaliers d’Andlau, les Bienheureux du Frankstein (Dambach-la-Ville), la Confrérie de la Corne d’Ottrott, l’Ordre œnophile de Marlenheim et la Confrérie des Quatre Bans (Cleebourg).


Les Reines des Vins D'Alsace

La fonction de Reine des Vins d'Alsace a été créée en 1954 à l'occasion de la 6ème Foire aux Vins de Colmar. Il s'agit d'une mission unique en France, où des jeunes femmes ont pour fonction honorifique d'être les ambassadrices des Vins d'Alsace.

Initialement choisies à l'applaudimètre lors de la Foire aux Vins de Colmar, la Reine des Vins d'Alsace et ses deux Demoiselles d'Honneur sont aujourd'hui élues lors d'un concours mené conjointement par le Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace (CIVA) et Colmar Expo, organisateur de la Foire aux Vins de Colmar.

Les candidates doivent avoir moins de 25 ans et doivent parler au mieux de l’Alsace, de ses  vins, de sa gastronomie et de son tourisme devant un jury d’une vingtaine de personnes, co-présidé par le président du CIVA et le Commissaire général de la Foire aux Vins et composé de professionnels du vin et du tourisme.

Leur règne dure une année, durant laquelle elles sont conviées à des événements officiels principalement en Alsace, mais également hors région, comme par exemple à Paris ou en Allemagne.

Fortes de leurs multiples horizons et de leurs personnalités, les Reines des Vins d'Alsace offrent chaque année un regard nouveau sur les Vins d'Alsace.

Véritables personnalités du monde viticole alsacien, elles participent ainsi activement à la promotion des vins, du vignoble et des professionnels du Vin d'Alsace.

Des insignes royaux

Les insignes de la Reine des Vins d'Alsace sont :

  • L'écharpe, qui rappelle son rang et son millésime ;
  • Le manteau de velours rouge, fini de broderies de grappes de raisin, pour signifier son appartenance au monde du vin ;
  • La couronne, ornée de pierre de vin, symbole par excellence de la royauté.

Les Demoiselles d'Honneur portent l'écharpe et la couronne.

Reine des vins d’Alsace -

Paysages et architecture : un voyage à travers le temps

« Quel beau jardin » s’exprimait Louis XIV en découvrant le vignoble alsacien. Avec ses maisons à colombages et ses ruines perchées sur les sommets, le paysage alsacien est unique, pittoresque et typique.

Châteaux et villages

Situé entre le Rhin et les Vosges, à la frontière de l’Allemagne et de la Suisse, la Région a toujours occupé une place stratégique. L’Alsace est d’ailleurs une des régions d’Europe qui compte le plus de châteaux forts, se succédant le long de la Route des Vins d’Alsace.

Ils datent du Moyen Âge, les premières constructions connues et datées remontant au Xème siècle. Parmi les ruines les plus célèbres on peut citer celles du Haut-Andlau, Bernstein, Ortenbourg, Spesbourg, Landsberg, Birkenfels, Saint-Ulrich, Haut Ribeaupierre, Kaysersberg, Wineck et les trois châteaux d’Husseren.

Les châteaux du Haut-Koenigsbourg et du Holandsbourg ont tous deux été réabilités et permettent de mieux comprendre la vie au Moyen Âge.

Tous ces châteaux dominent le vignoble et ses villages viticoles typiques.

Ceux-ci mêlent différentes périodes architecturales : Médiévale, Renaissance Rhénane et pour ceux marqués par les vicissitudes des guerres du 20ème siècle, bâtiments modernes.

Néanmoins ils se rejoignent sur un point, qui fait leur typicité : entourés de vignes, ils ont une configuration ramassée avec des maisons resserrées les unes contre les autres.

Les villages qui ont été préservés par l’histoire sont souvent ceinturés par des remparts, à l’abri desquels se succèdent, le long de ruelles pavées, maisons à colombages ou à oriel. Leur prospérité dûe à la culture de la vigne se retrouve dans leur riche patrimoine architectural et religieux : fontaines et puits sculptés, hôtel de ville, portes, tourelles…

Les maisons vigneronnes

À la différence d’autres vignobles, les entreprises viticoles sont situées intramuros. Au Moyen Âge, elles étaient ainsi protégées de toute agression par les enceintes défensives du village. L’autre explication étant que la terre était utilisée pour planter le maximum de vigne.

Afin de gagner de la place, les maisons vigneronnes du XV au XIXème siècle sont érigées en hauteur. Orientées vers la rue, elles possèdent une cours accessible par un porche. Elles se caractérisent par la présence de deux locaux biens particuliers : celui où l’on transforme le raisin (le pressoir) et celui l’on vinifie et l’on conserve le vin : la cave.

Celle-ci est souvent à demi enterrée et voutée afin de favoriser la conservation du vin en freinant les variations atmosphériques. Le rez de chaussée est souvent en pierre de taille et abrite le cellier où se trouvait le pressoir. Les étages sont soit en torchis (maison à colombages), soit en pierre. Le toit est assez pentu. De très nombreux villages viticoles étant fortifiés les jardins sont généralement adossés aux remparts à l’extérieur de la commune.

Les granges, écuries et hangars étaient d’un volume réduit mais suffisant pour répondre aux besoins de polyculture du vigneron. L’architecture du Bas-Rhin diffère néanmoins de celle du Haut-Rhin. Dans le Bas-Rhin la polyculture était souvent pratiquée de manière plus importante et les paysans possédaient en plus des vignes des champs de maïs, de céréales et d’arbres fruitiers dans la plaine. Les propriétés comportaient ainsi des bâtiments supplémentaires pour les animaux et le matériel agricole.

Les principaux éléments décoratifs des maisons vigneronnes se situent sur la clé de l’arcade du porche de la cour ainsi que sur le linteau de la porte d’entrée de l’habitation, de la cave et les encadrements des fenêtres. Les ornementations sculptées au-dessus du porche et de la porte d’entrée de la maison indiquent la date de construction, les initiales des propriétaires et le symbole du métier (serpette, grappe de raisins, pressoir, hotte…). Celles présentes au-dessus de la porte de la cave reprennent la serpette, l’étoile à 6 branche (naissance alchimique du vin) et l’emblème des tonneliers (marteau et crochets).

Une terre d’histoire pour de grands vins

Tout comme la région qu’il sillonne, le vignoble alsacien s’est enrichi de nombreux apports au fil des siècles.

Les premières traces de vigne en Alsace

La vigne, sous des formes assez éloignées des variétés actuelles, a existé bien avant l’apparition de l’homme sur le territoire géographique qui devait former par la suite la vallée du Rhin.

Mais si les fruits de la vigne ont été utilisés dans cette région depuis des temps immémoriaux, le passage du stade de la cueillette à celui de la culture proprement dite s’est effectué après la conquête romaine. Des vestiges témoignent de l’importance grandissante de la viticulture : amas de pépins, restes de fûts de bois, puis peu à peu motifs de décoration utilisés à partir de la vigne sur poteries ou en bas-reliefs. L’existence, dès le IIème siècle, de transports de vin sur la Moselle et le Rhin prouve également que cette production est entrée très rapidement dans l’ère de la commercialisation.

La vigne résiste aux invasions

L’invasion des Germains au Vème siècle amène un déclin passager de la viticulture, mais des documents écrits nous révèlent que les vignobles ont assez rapidement repris une importance croissante, en relation d’ailleurs avec l’influence prépondérante, sous les règnes des Mérovingiens et des Carolingiens, des évêchés, abbayes et couvents fondés en grand nombre à cette époque. La vigne couvre peu à peu la terre alsacienne.

L’âge d’or

Au début du XIIIème siècle, on dénombre une centaine de villages viticoles, puis 170 au XIVème siècle. Cette expansion se poursuit sans interruption jusqu’au XVIème siècle, au cours duquel elle atteint son apogée.

Les maisons de style Renaissance, présentes encore dans maintes communes viticoles, témoignent de la prospérité de ce temps où les Vins d’Alsace s’exportent dans toute l’Europe grâce notamment aux transports fluviaux (l’Ill, le Rhin). Des taxes sur le vin, extrêmement lucratives pour les municipalités, les monastères ou les seigneurs, sont imposées.

Durant cette époque naissent également les premières réglementations sur les cépages – parmi lesquels sont déjà mentionnés le Traminer, le Muscat ou le Riesling –, leur culture et leur vinification. Ces réglementations, sévères pour l’époque, témoignent de la volonté d’affirmer l’identité des vins à travers une viticulture de qualité.

De la guerre de Trente Ans au phylloxera

La guerre de Trente Ans (1618-1648), période de dévastation par les armes, le pillage, la faim et la peste ont des conséquences catastrophiques sur la viticulture comme sur les autres activités économiques de la région. Les villages sont ruinés, le vignoble saccagé.

Le commerce fluvial est interrompu ainsi que les relations vers les pays nordiques (Pays-Bas, pays scandinaves, Allemagne du nord et du centre, Angleterre).

Mais dès la fin de la guerre et malgré la perte de ces marchés, les cités viticoles des collines sous-vosgiennes, à l’image d’Ammerschwihr, se reconstruisent. Tout au long du XVIIème siècle, Strasbourg reste le centre privilégié des exportations en Allemagne et en Lorraine, tandis que Colmar et sa région visent le marché Suisse, la Souabe, la Bavière, une partie de la Lorraine et les vallées vosgiennes. Les Vins d’Alsace « des coteaux » sont reconnus comme d’excellents vins blancs.

Devant le succès des Vins d’Alsace, certains propriétaires n’hésitent pas à dépasser les limites traditionnelles fixées pour la culture de la vigne. Le vignoble dévale dans la plaine où sont cultivés des cépages communs destinés à une production de masse, créant une opposition avec le vignoble des coteaux qui continue à produire des vins de qualité.

En 1731, un édit royal tente de mettre fin à cette situation mais sans succès, la tendance s’accentuant encore après la Révolution. En effet, la nationalisation des terres seigneuriales et ecclésiastiques a des conséquences importantes sur la physionomie du vignoble : les propriétés, morcelées, sont rachetées par les paysans qui produisent à leur tour du vin.

Avec l’époque napoléonienne, les vignerons produisent à outrance des vins appréciés par les armées, ce qui incite encore à la plantation de nouveaux ceps : la superficie du vignoble passe de 23 000 hectares en 1808 à 30 000 hectares en 1828.

Il s’instaure une époque de surproduction, souvent fatale aux vignobles des coteaux, aggravée par la disparition totale des exportations et une diminution de la consommation du vin au profit de la bière.

En 1870, cette production de masse est maintenue durant l’occupation des Allemands. Les négociants achètent à bon marché des vins acides provenant de cépages productifs. Ces vins, sans corps et sans fruité, se prêtent bien à la fabrication des vins artificiels allemands, coupés avec de l’eau, du sucre et des arômes. Les Vins d’Alsace perdent toute identité tandis que le déferlement de vins frelatés sur le marché aboutit à la chute des prix.

Les accidents climatiques et les maladies de la vigne, l’oïdium et le phylloxera, s’ajoutent à ce tableau déjà bien sombre.

Le renouveau après la Première Guerre mondiale

En 1918, de la plus grande région viticole allemande, l’Alsace redevient la plus petite région viticole de France.

Afin de résister aux maladies qui menacent d’éradiquer le vignoble, les viticulteurs ont recours aux hybrides. Deux tendances économiques s’affrontent alors durement : d’une part, les partisans d’une production de vins de qualité élaborés à partir de cépages typiques et, d’autre part, ceux qui sont persuadés qu’il faut produire des masses de vins bon marché, au besoin à l’aide d’hybrides-producteurs directs.

Le vignoble doute et régresse. Ainsi, la diminution de la superficie du vignoble, amorcée en 1902, se poursuit jusque vers 1948, tombant à 9 500 hectares dont 7 500 en appellation Alsace.

C’est au cœur de ces épreuves que les viticulteurs alsaciens se rassemblent et décident d’organiser la profession, au sein de l’Association des Viticulteurs d’Alsace (AVA). Ils mettent toute leur ténacité à améliorer la qualité des vins et à renouer avec la grande tradition des Vins d’Alsace.

Mais le contexte historique leur est une fois encore défavorable et il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour voir le vignoble se lancer dans un véritable plan de restructuration.

La période contemporaine : consécration en AOC

Une ordonnance est signée le 2 novembre 1945 par le Général de Gaulle. Elle définit les appellations d’origine des Vins d’Alsace et fixe les premières règles. L’aire de production est délimitée, en privilégiant les coteaux au détriment des plaines. Les anciens cépages productifs sont abandonnés au profit des cépages les plus fins. L’évolution du vignoble alsacien vers une production de vins de qualité se concrétise par la reconnaissance de l’AOC Alsace en 1962.

Peu à peu, la nécessité d’une harmonisation des intérêts et des moyens des différentes familles professionnelles apparait, en particulier pour fixer le prix des raisins. En résulte la création par décret, le 22 avril 1963, du Conseil Interprofessionnel des Vins d’Alsace, dont les quatre missions fondamentales sont les suivantes :

  • procéder à toutes études sur la production et la commercialisation des Vins d’Alsace et centraliser à cet effet toutes statistiques et tous renseignements d’ordre technique, économique et pratique ;
  • apporter aux producteurs, coopératives vinicoles, négociants, courtiers et commissionnaires toute assistance technique et pratique utile pour l’amélioration du vignoble et de la qualité des Vins d’Alsace ;
  • faciliter les relations entre producteurs et acheteurs de raisins, notamment en étudiant chaque année les éléments de la fixation des prix des vendanges ainsi que les modalités de paiement applicables aux transactions les concernant ;
  • informer les consommateurs, en particulier les consommateurs étrangers, de la qualité des Vins d’Alsace, et développer l’exportation de ces vins.

Suivent les décrets de l’AOC Alsace Grand Cru en 1975 et de l’AOC Crémant d’Alsace en 1976. Le cadre règlementaire fixé par ces AOC ne cesse depuis d’évoluer, avec la définition de critères plus sévères et plus ambitieux.

En cinq siècles, il n’est pas un vignoble qui ait subi autant d’aléas que celui d’Alsace. Aujourd’hui, il se situe parmi les plus belles et grandes régions de production françaises.

Grâce aux efforts constants accomplis ces dernières décennies par toute la profession, la qualité des Vins d’Alsace est unanimement reconnue. Proches de leur terroir et fiers du chemin parcouru, les viticulteurs alsaciens font des vins qui leur ressemblent, des vins authentiques, frais et aromatiques. Rassemblés au sein du CIVA (Conseil Interprofessionnel des Vins d’Alsace) et de l’AVA (Association des Viticulteurs d’Alsace), producteurs et négociants concourent ensemble au rayonnement des Vins d’Alsace dans le monde.

C’est en Alsace qu’est conservé le plus vieux vin du monde, datant de 1472, et le plus ancien foudre en activité.